« Toutes les analyses de Maurice Hauriou, on l’a bien souvent souligné, sont imprégnées de sociologie ? Mais cette attention portée à l’esprit sociologique animant ses différents écrits a malheureusement occulté une dimension essentielle de son entreprise intellectuelle : Hauriou sociologue. Ses écrits sociologiques, à commencer par La science sociale traditionnelle et les Leçons sur le mouvement social, sont, il est vrai, souvent considérés comme des égarements de jeunesse. Le professeur toulousain n’aurait, en définitive, donné la pleine mesure de son talent de juriste qu’en renonçant à une improbable ambition sociologique. Pourtant, une telle approche méconnaît purement et simplement la célèbre recommandation de Maurice Hauriou, si souvent citée : « Un peu de sociologie éloigne du droit, beaucoup y ramène ». Bien loin de constituer, dans son itinéraire intellectuel, un aimable (et vain) passe-temps, la période de formation et de théorisation sociologique (1880-1900) constitue une étape essentielle, consubstantielle à ses élaborations doctrinales. Le passage par la science sociale explique certes la promotion de la science administrative. Plus largement encore, pas de pensée administrative chez Hauriou, ni de théorie de l’État, ni même de concepts d’institution, de constitution sociale, de conduite ou de gestion administrative sans détour par la science sociale. Bien loin de constituer un savoir secondaire, la sociologie, pour autant qu’elle se conforme aux enseignements du catholicisme, se présente comme la condition de possibilité d’une science de l’organisation sociale et politique conciliant le collectif avec l’individuel. » (F. Audren, réimpression Dalloz, 2008, p. VIII).