« Les livres de M. Gautier se sont depuis longtemps imposés à nous par une saveur et une autorité à nulles autres pareilles : il ne fait pas fi de la “méthode” et de la “critique”, mais au lieu de les considérer comme des machines à qui l’on fait faire ronron pour produire des livres en série, il y voit des instruments, qu’il emploie à sa guise ; et le résultat, qui scandalise souvent les puissances établies, est qu’un livre de M. Gautier est toujours neuf. Celui-ci n’a pas failli à la règle ; nous connaissons, et M. connaît mieux qu’homme du monde, pour l’avoir pratiquée, et enseignée ! pendant des années, la mécanique ordinaire de l’établissement et de la juxtaposition des fiches ; mais ne pourrait-on, pour une fois, s’en affranchir ? et expérimenter ce que donnerait cette autre documentation infiniment plus étendue et plus souple, qu’est la mémoire d’une vie passée à vivre au milieu de l’histoire en train de se faire, avec toute la puissance de s’informer, de sentir, que donnent les antennes de la curiosité et de la sympathie ? ne serait-il pas intéressant de soumettre les données d’une grande question comme celle de la colonisation de l’Algérie à cette épreuve passionnante de “l’étude au”, du démontage par le détail de quelques cas d’espèce ? » (J. Tramond, Revue de l’histoire des colonies françaises, n° 79/1931; p. 78 et s.).