« Moraze a voulu nous donner une histoire de l’industrialisation, du développement commercial et de la diffusion dans le monde des techniques d’Europe occidentale. “Science et progrès ont, pour cent cinquante ans, choisi les bourgeois d’Europe. Science et progrès choisissent qui les sert mieux.” Trois dates charnières nous valent d’amples tours d’horizon : 1780, avant les bouleversements de la Révolution française ; 1830-1840, à la veille du grand essor des chemins de fer ; 1900, enfin, à l’apogée de la conquête bourgeoise. Un livre vivant, d’une richesse foisonnante. Nous pensons, en particulier, à la densité de ces synthèses attachantes que sont les chapitres 5 (“Le bourgeois s’installe”) et 9 (“Les nationalismes industriels”). Certes, on peut reprocher à ce “torrent” de rouler parfois, “avec les paillettes d’or des vues ingénieuses et des notations pertinentes, les alluvions plus bourbeuses des erreurs et des approximations”. Mais en fait, cet ouvrage est avant tout un “essai”, un ensemble de “variations sur un thème”, à la manière d’une œuvre musicale, et, à ce titre, il est bien dans l’esprit de Lucien Febvre, prématurément disparu, avant de voir se dresser le premier pilier de la collection “Destins du monde” dont il avait conçu le plan et distribué la matière. » (P. Val, in Population, n° 4/1958, P. 736).