En 1871 le Conseil d’État est en mauvaise posture. Il a été « suspendu » par la République et les locaux qu’il occupait au Palais d’Orsay ont été incendiés par les Communards. La décision est cependant prise de la rétablir et de lui attribuer les locaux du Palais­Royal où il siège encore aujourd’hui. Dans ce livre, Frédéric Rolin emprunte des chemins nouveaux pour raconter l’histoire de cette installation et des cent cinquante années qui l’ont suivie et montrer la relation à la fois profonde et complexe qui va se nouer entre l’institution et les murs qui l’entourent. Il s’agit d’une histoire des images, des symboles, de la scénographie des espaces et des réseaux de significations qui les entourent. L’utilisation de l’iconographie et de la scénographie juridiques permet de pénétrer certains des ressorts intimes de l’institution : les difficultés de sa républicanisation au moment où elle s’installe au Palais, la manière dont elle va progressivement secouer le joug des administrations qui lui imposent des choix décoratifs qui ne sont pas les siens, mais aussi la manière dont elle va, dans ce palais, construire une politique mémorielle, choisir, par les images et les noms donnés à des salles l’image qu’elle entend donner d’elle­-même. Cette évolution continue du Palais­Royal depuis 1875 devient ainsi l’histoire d’une mise en scène. Mise en scène d’une des institutions les plus importantes de la République, mise en scène de ses rapports avec le pouvoir politique et administratif, mise en scène du droit qu’elle y fabrique. Fondé sur une lecture attentive des sources et une approche transdisciplinaire cet ouvrage intéressera autant les juristes, qui regarderont différemment des lieux qu’ils connaissent ou fréquentent, qu’un public plus large intéressé par les relations entre l’art, le pouvoir et les institutions dans l’histoire des deux derniers siècles.