« Au début du XXe siècle, Vital Mareille – un champion du plaidoire sentimental – a essayé d’expliquer les raisons de son ascension en France et de sa popularité continue à son propre époque. Il l’a défini dans les termes suivants : “Le plaidoirie [sommation de la défense] sentimental est, précisément, ce qui cherche à bouger ; on peut dire : ce qui vient du cœur de l’avocat, pour s’adresser à celui des juges.” Le plaidoirie sentimentale existait en France avant 1800, mais il est entré dans son âge d’or au XIXe siècle et est devenu une forme spécialisée d’oratoire judiciaire. Il s’est développé principalement en réponse à l’introduction du procès par jury en 1791. Les avocats devaient élaborer une approche rhétorique qui plairait à ces “simples citoyens”, et pour cela, l’éloquence sentimentale était idéale ; cependant, aucun chercheur récent n’a tenté une étude systématique de cette importante forme de rhétorique de salle d’audience depuis ses origines au XIXe siècle jusqu’à son remplacement progressif après 1890 ».