« Les thèses qui ont valu à M. G. Vallée le grade de docteur ès lettres avec la mention très honorable, constituent une très importante et très neuve contribution à l’histoire militaire et administrative du Directoire, du Consulat et de l’Empire. Le titre de la thèse principale est modeste et il ne faut pas s’y tromper: en fait, l’ouvrage présente une esquisse fort poussée de cette histoire de la conscription qui nous manquait. L’institution est minutieusement étudiée dans la Charente, mais à l’aide de quelques autres études locales et surtout du Compte d’Hargenvilliers, publié à titre de thèse complémentaire, une comparaison s’établit continuellement avec les autres départements; en outre, la législation est scrupuleusement analysée et le progrès administratif soigneusement marqué. D’autres études locales pourront peut-être nuancer, sur différents points les conclusions générales, mais il est douteux qu’elles les modifient dans l’essentiel. M. Vallée a d’abord passé en revue les levées révolutionnaires et rappelé opportunément que le décret du 23 août 1793 n’a nullement établi le service obligatoire, comme on est souvent porté à le croire : il s’est borné à ordonner la levée en masse des jeunes gens de 18 à 25 ans, non mariés. Il en est résulté que ces réquisitionnaires, enrôlés jusqu’à la fin de la guerre, ont été maintenus indéfiniment sous les drapeaux alors qu’on n’appelait pas leurs cadets; à l’injustice, s’est ajouté, pour l’armée, l’inconvénient de ne pouvoir combler les vides et maintenir les effectifs. De là, l’importance de la loi du 19 fructidor an VI qui établit la conscription à titre permanent: elle atteignait les hommes de a1 à 25 ans, le contingent devant être fixé par le pouvoir législatif et fourni par les plus jeunes. L’application de cette loi est étudiée en trois livres: sous le Directoire, sous le Consulat, sous l’Fmpire jusqu’à Tilsit. Dans chacun d’eux, les différentes levées sont examinées successivement, les modifications législatives et administratives de l’institution étant énumérées au fur et à mesure; des chapitres particuliers traitent à la fin de chaque livre des dispenses et des exemptions. des réfractaires et des déserteurs; une conclusion marque les traits essentiels de la période; une importante conclusion générale termine le livre. » (Annales historiques de la Révolution française, p. 563 et s.).