« Ce qui fait l’importance de cet ouvrage, c’est d’abord l’originalité de son origine : il a pour auteurs deux praticiens, avocats à la Cour de Paris, qui se réclament expressément de leur appartenance au Parti communiste français. En France, le tempérament de gauche, comme on l’appelle, est représenté dans la classe juridique presque autant qu’ailleurs, et il ne manque pas de juristes radicaux, socialistes, progressistes, plus souvent que communistes – entendons : communistes qui ne fussent en dissidence actuelle ou virtuelle. […] Si la ligne suivie est sans détours, les développements ne sont pas sans nuances, et à l’intérêt de provenance s’ajoute, le dépassant, un intérêt de contenu. Ce livre partiel est un livre intelligent. Les lecteurs y apprécieront la finesse de certaines analyses, telles que celles qui sont consacrées aux contradictions internes des systèmes juridiques (du système bourgeois, mais même de l’autre), le pouvoir suggestif de certaines hypothèses, telles que celle du contre-droit (ce droit de contradiction qui, sous la pression des luttes ouvrières, se constituerait au sein du droit capitaliste, mais sans cesser d’en faire partie, témoin la législation des accidents du travail). Sur la nature et la fonction du droit, tel qu’il est finalement dans notre société française, la conclusion a de l’ampleur : le droit est une résultante, c’est en même temps une force, relativement indépendante, et d’ailleurs ambiguë, tantôt moteur, tantôt frein ; résultante et force, c’est un échangeur de théorie et de pratique sociales. Tout cela est excellent à lire et à méditer, quoi que l’on en pense. » [Jean Carbonnier].