« En consacrant une thèse de doctorat aux conflits de lois en matière de régime matrimonial, M. Wiederkehr a abordé un sujet très classique du droit international privé mais qui fort curieusement n’avait fait l’objet d’aucune monographie depuis près de trente années. (…) Aussi peut-on penser que c’est surtout la difficulté du sujet qui est à l’origine de la carence que l’on a constatée, et l’on saura gré à M. Wiederkehr de l’avoir comblée. Cela d’autant plus que l’auteur a parfaitement réussi dans son entreprise en présentant une étude qui constituera certainement pour de longues années l’ouvrage de référence en la matière.(…) L’idée maîtresse dans la recherche de la loi compétente est que le régime matrimonial, s’il participe de la catégorie des biens, de celle des effets du mariage ou encore de celle des contrats, ne se rattache entièrement à aucune d’elles et forme en réalité une catégorie autonome. Il y a là une première raison, très générale, et presque d’ordre méthodologique, pour M. Wiederkehr, de rejeter les différents systèmes qui ont été proposés avant lui et qui tous présentent cette caractéristique de ne retenir qu’un élément du régime matrimonial, considéré comme prépondérant, pour en déduire la loi appelée à régir l’ensemble de l’institution. Il s’y ajoute diverses critiques, propres à chacun des rattachements jusqu’ici envisagés, et qui sont menées avec une vigueur que ne vient pas déparer, parfois, une teinte d’humour. S’orientant alors vers des « voies nouvelles » (p. 143 et s.), l’auteur propose de retenir la localisation des intérêts du ménage comme critère de détermination de la loi applicable. La solution constitue une extension au régime matrimonial de la théorie élaborée par M. Batiffol pour les contrats.(…) L’ensemble de l’ouvrage dégage une impression d’équilibre, qui est une des qualités essentielles de l’auteur. La pensée comme le jugement sont logiques sans étouffer un certain pragmatisme, l’originalité et l’imagination ont leur place sans que soit écarté pour autant le souci de ne pas rompre avec le droit positif. Ce beau livre de droit international privé est un livre « sage ». Il en est, à certaines époques, parfois besoin. » (Jean-Marc Bischoff, RIDC, n° 1/1969, p. 288-290).