« S’il est un nom que l’avenir retiendra de l’histoire du droit français au XXe siècle, il n’est guère de doute que ce sera celui de Jean Carbonnier. Juriste, il est allé bien au-delà de son domaine d’élection pour explorer aussi l’histoire, la sociologie et la philosophie, sans oublier les sciences religieuses et la théologie, qui ont orienté toute sa vie. Universitaire, il a formé des générations d’étudiants. Homme de doctrine, il a marqué de son empreinte aussi bien la législation que la jurisprudence, voire la pratique professionnelle. Législateur lui-même, il a contribué plus que tout autre à la modernisation de notre droit et entamé la réforme de notre Code civil. Par dessus tout, il a révélé, tout au long de sa carrière, une exceptionnelle personnalité : penseur et homme d’action, savant et pédagogue, sceptique et croyant, analyste rigoureux et novateur hardi, d’une grande modernité malgré son attachement à des valeurs traditionnelles, ennemi de tout dogmatisme bien que ferme sur ses positions, réformateur doté d’une conscience aiguë des “limites du droit”, enraciné dans son terroir bien qu’ouvert à toutes les cultures, il n’a reculé devant aucun paradoxe et sa curiosité insatiable l’a toujours conduit hors des chemins battus. On n’en finirait pas, en fait, de louer ses mérites si l’on n’avait le sentiment, en se bornant à reprendre des vérités élémentaires, de rester bien en deçà de l’hommage qui lui est dû. » (Xavier Blanc-Jouvan, RIDC n° 1/2009, p. 211 et s.).