« A. Maffey veut présenter ici un exposé systématique de la pensée authentique de Mably. Son livre commence et finit par des éléments de biographie (ch. 1) et de bibliographie (appendice) bien fournis et bien documentés (malgré les “coquilles” qui déforment les nombreux textes français cités). Il a relevé, pour établir la bibliographie, beaucoup de textes inédits, aux Archives des Affaires Étrangères comme à la B. M. de Rouen. Les œuvres publiées sont décrites avec soin. A. M. veut montrer que Mably n’est pas le penseur révolutionnaire que voient en lui les historiographies traditionnelles, qu’elles soient “bourgeoises” ou d’inspiration marxiste. Il prend moins, pour ce faire, Mably dans son œuvre que dans l’image que se firent de lui ses contemporains et surtout (ch. 2) les hommes de la Révolution. La postérité politique de Mably est à chercher chez les Girondins et même chez les Thermidoriens. C’est le réformisme de Mably qui semble avoir marqué son héritage politique. « La politique, comme la mora- le, évite également tous les excès » : cette phrase de Mably, citée p. 121, serait la maxime fondamentale de son système. Et l’exposé que A. M. propose de la politique européenne de Mably (ch. IV et V) paraît lui donner raison : des idées originales, des projets nouveaux, mais au total une grande prudence. Prudence que nous retrouvons (ch. VII) dans la réfutation que fait Mably de l’utopie; face aux Physiocrates, tout en maintenant ses thèses sur l’origine de la propriété privée, Mably se garde d’en demander l’abolition : “les écrits politiques ne changeront point la face du monde” (Œuvres, Londres 1769, t. V, p. 471). » (J.-R. Armogathe, Dix-Huitième Siècle, n° 4/1972, p. 422).