« Sociologue jouissant à juste titre d’une grande autorité et d’une large audience, M. le Doyen Davy n’est pas de ceux qui croient qu’aucun profit ne peut être tiré de l’étude des institutions juridiques (ce qui serait aberrant) ni de la pensée des juristes (ce qui est plus fréquent). Toute son œuvre (La Foi jurée, Le Droit, L’Idéalisme et l’Expérience) est là pour témoigner de cette exacte et vigilante attention au donné juridique. Aussi bien, toute la première partie de ce volume consacré à la sociologie politique est-elle faite de l’étude des théories de la souveraineté telles qu’elles furent forgées non seulement par les politiques (Rousseau) mais aussi par les juristes (Hauriou, Esmein, Duguit). M. Davy analyse avec beaucoup de finesse la pensée de ces auteurs et restitue même à celle d’Hauriou sa véritable portée que le vocabulaire bouillonnant du doyen de Toulouse avait quelquefois déformée (ainsi de l’appel à une philosophie platonicienne qu’Hauriou ne professait pas en réalité, p. 46). Aussi la critique n’a fait que préparer une construction positive qui fait l’objet de la deuxième partie de l’ouvrage. Reprenant les grandes lignes de la classification des sociétés élaborée par Durkheim, l’auteur étudie successivement “la souveraineté à l’état diffus et les sociétés totémiques”, “la concentration sociale : l’individualisation de la souveraineté et les sociétés tribales et nationales, “un facteur d’individualisation souveraineté dans certaines sociétés de transition à totémisme évolué : le potlach”. De cet examen, l’auteur conclut que la souveraineté est, sous des formes diverses, diffuse ou concentrée, un fait irréductible, « l’âme même de la vie sociale » (p. 174). Mais tout le jeu du progrès est de l’enraciner finalement dans les consciences individuelles “égales en dignité et en liberté” ». (G. Vedel, RFSP, n° 2-3/1953, p. 398).