« Son essai est une vigoureuse dénonciation, qui porte bien la marque de son époque (la première version date de 1927), des contradictions de la Société des Nations et des illusions pacifistes. Les sanctions économiques et morales, la mise de l’adversaire « hors la loi » et « hors l’humanité » n’échappent pas, si apolitiques ou anti-politiques qu’elles se veuillent, à la logique du politique : elles servent les configurations d’hostilité existantes et provoquent de nouveaux regroupements en amis et ennemis (pp. 128-129). Le texte qui fait suite, « L’ère des neutralisations et des dépolitisations », reprend la même idée : « Le processus de neutralisation progressive des divers domaines de la vie culturelle touche à sa fin parce qu’il a atteint la technique. La technique n’est plus un terrain neutre au sens de ce processus de neutralisation, et toute politique forte se servira d’elle (...)• П n’y aura donc de jugement définitif que lorsqu’on aura constaté quelle espèce de politique est assez forte pour s’assujetir la technique moderne et quels sont les véritables regroupements en amis et ennemis opérés sur ce terrain nouveau... » (pp. 150- 152) . Cari Schmitt, écrit Freund dans sa préface (p. 27) , « en faisant du couple ami-ennemi le critère du politique, a essayé de penser la politique selon la nature des choses et selon l’expérience historique, et non point selon une idéologie : il se condamnait de ce fait à être combattu par tous les partis, parce qu’une telle pensée est réfractaire aux méandres de toute propagande. П était un penseur isolé avant 1933, il l’est resté après. Cela aussi est dans la nature des choses... ». La « théorie du partisan », qui date des années 1962-63, forme le dernier tiers du volume. Quoi de plus actuel que la préoccupation de rattacher le partisan, le maquisard, le guérillero, etc., au droit de la guerre et de la politique ? » (Jean-René Tréanton, Revue française de sociologie, 1973, 14-3. p. 420 et s.).