« La vie privée est à l’ordre du jour devant les tribunaux. Certaines de leurs décisions en cette matière sont assez souvent reproduites, surtout – il est vrai – si elles se rapportent à des plaideurs renommés. D’autres, en revanche, demeurent ignorées qui concernent ou peuvent concerner les plus humbles justiciables. C’est à ces derniers que s’adresse le livre de Jean Malherbe. À une époque où ce droit évolue, où il découvre des aspects nouveaux, M. Malherbe s’emploie à faire le point. Sa méthode a été simple : choisir quelques-unes des décisions les plus récentes et les plus significatives et montrer les raisons qui les ont déterminées à travers le cas d’espèce. Aussi bien, tout en étant d’une grande rigueur juridique, le livre reste d’une lecture facile, car on y trouve en même temps une quantité de situations décrites, les unes ordinaires, d’autres insolites, et qui font bien paraître la véritable mission de la justice civile. Car la vie privée, ce n’est pas seulement celle de Mme Brigitte Bardot ou celle de M. Picasso se plaignant d’un photographe indiscret ou d’une biographie trop complète. Ce sont aussi tous les conflits qui peuvent être suscités par la responsabilité des parents à l’égard de leurs enfants mineurs, par le divorce, la réglementation du droit de visite, l’obligation d’entretien incombant aux parents, la liberté de l’éducation religieuse, l’union libre, la promesse de mariage, le sort des donations entre époux quand il s’agit de ces petits cadeaux d’anniversaire, et même la perte d’un emploi. M. Malherbe, au fil de ses chapitres, présente une large anthologie de ce que peuvent être toutes ces situations, de la façon dont elles ont été tranchées et des raisons de ces décisions. Tout ne va pas sans difficulté et parfois sans contradiction. La vie moderne, là encore, se charge de mettre le juge à l’épreuve en lui apportant sans cesse des cas nouveaux. Et à la lecture de l’ouvrage de M. Malherbe on découvre que cette vie privée, dans tous ses aspects, dont les tribunaux ont le soin, est devenue finalement la vie de tous les jours et presque de tous les gestes. » (Le Monde, 20 avril 1968).